Laissez-moi juste faire une petite introduction avant de répondre à cette question. Cette question justement qui est systématiquement posée au vegan. A l’inverse, on ne demande jamais à quelqu’un qui mange des animaux, pourquoi est-il carné (d’ailleurs, j’hésite sur l’adjectif à utiliser dans ce cas-là, doit-on plutôt dire carnivore… ? C’est dire !). Pourquoi demander une justification aux personnes ayant juste décidé de ne pas manger d’animaux, et de ne pas se servir d’eux pour satisfaire des besoins actés comme étant normaux, habituels, coutumiers ? Justement peut-être parce qu’il s’agit d’une décision, du résultat de ce cheminement réfléchi qui amène au changement. Cet aspect décisionnaire est vrai peut-être dans le monde occidental, mais si je prends l’exemple du sud de l’Inde, être végétarien est la norme, et cette question ne se pose donc pas.
Le monde occidental étant ainsi fait, je dois chercher à me justifier sur mon veganisme. Pourtant, demander aux personnes carnées pourquoi elles le sont me permettrait de répondre à la question qui m’est adressée. Mais ce serait alors tomber dans la logique d’un monde clivant, sans nuance, et trouvant ces explications uniquement dans la contradiction du fait opposé a priori. Je m’explique : une personne carnée dirait qu’elle l’est car c’est culturel, c’est délicieux, c’est source de protéines, c’est pour faire comme tout le monde, ne pas faire de vague lorsqu’on est invité chez les autres ou au restaurant, être dans le rang, « il faut bien soutenir nos paysans » (et j’en oublie sans doute). Je pourrais alors réfuter un à un ces arguments, comme certains le font lorsque j’expose ma prise de conscience sur l’élevage intensif qui détruit notre planète et la souffrance animale qui me détruit le cœur. Le but de mon témoignage n’est pas de refaire le match entre vegan et carné, surtout qu’entre les deux, il existe un tas de nuances, que je ne développerai pas ici.
Je souhaiterais juste témoigner sur une valeur qui me semble fondamentale, qui pourra peut-être paraitre gnangnan aux yeux de certains, à savoir la bienveillance. Mais que vient faire ce mot ici alors que la question n’est pas là ! Au contraire, je pense qu’une partie de la réponse se trouve dans ce mot. Faisons un tour sur Wikipédia : la bienveillance est la disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. Alors voilà peut-être pourquoi je suis vegan. Parce que je fais en sorte d’avancer dans ma vie en étant bienveillante dans tous les domaines. Je ne suis pas mieux que les autres, je fais de mon mieux. Il n’y a pas de jugement envers les personnes carnées. Je ne suis pas là en train d’opposer les personnes vegan comme étant bienveillantes et les autres comme ne l’étant pas. Je parle juste de moi.
Pour conclure, j’ai envie d’imaginer un monde dit impossible par la majorité, dans lequel le rang aurait changé de bord : les vegans seraient devenus majoritaires. Que se passerait-il ? On demanderait alors systématiquement aux personnes carnées pourquoi ils CONTINUENT de manger des animaux ?! CQFD